Vivre avec les loups : les thématiques abordées

par Jean-Michel Bertrand

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Nous constatons aujourd’hui que certains territoires des Alpes sont déjà à leur maximum de capacité. Dans de nombreuses vallées tous les territoires favorables sont occupés par des loups : c’est complet.

A ce stade, le problème actuel n’est plus de se poser la question d’être pour ou contre les loups, mais la nécessité de s’adapter à leur présence.

J’ai voulu souligner leur territorialité leur capacité de contrôler le nombre des ongulés sauvages (chevreuils, sangliers, cerfs, chamois etc.), afin de préserver cette ressource dont dépend leur survie.

Une notion d’autorégulation des espèces, souvent incomprise qu’il est important d’expliquer encore et encore.

Au-delà de la simple fascination que l’on peut avoir pour les grands prédateurs (loups, ours lynx), ils sont un marqueur de la richesse biologique des territoires qu’ils occupent.

Ils ne choisissent pas un nouveau territoire par hasard. Ils participent à la régulation des ongulés sauvages. Le loup est un bon exemple pour comprendre l’interdépendance prédateur/proie et les bénéfices biologiques qui en résultent, notamment pour la bonne santé et le développement de la forêt grâce à une pression moins forte des ongulés sauvages sur les jeunes arbres. Pour se régénérer, la forêt a besoin des grands prédateurs.

Ce comportement territorial des loups et la dispersion qui en découle va continuer et progressivement concerner toutes les régions de France. C’est inéluctable. Aujourd’hui il est très important de se préparer partout à leur retour et de profiter de l’expérience alpine.

Une anticipation indispensable pour montrer aux loups que les troupeaux domestiques ne sont pas à leur disposition. Une façon aussi de monter que l’arrivée des loups en territoire inconnu n’est pas chose facile à appréhender pour les acteurs du terrain.

Il est nécessaire de soulever la problématique de la cohabitation entre les éleveurs (mais aussi du monde de la chasse) et les grands prédateurs. Tous les éleveurs ne sont pas contre le loup. D’ailleurs cette notion d’être pour ou contre est aujourd’hui clairement dépassée.

Les polémiques et les clivages sont récurrents lorsqu’il est question du loup, pourtant certains éleveurs et bergers ont une autre façon de voir les choses et se disent que maintenant que les loups sont de retour, il faudra bien faire avec. C’est avec pragmatisme qu’ils cherchent des solutions pour protéger leurs troupeaux de ce prédateur intelligent et opportuniste.

Ce sont ces gens du terrain que j’ai voulu mettre en avant en leur donnant la parole, c’est là un des buts principaux de ce nouveau film. Les actions positives de ces éleveurs à l’esprit ouvert ne manquent pas, j’aborde ainsi la problématique des loups à travers le regard de ceux qui vivent à leur proximité au quotidien et qui réussissent pourtant, par leur professionnalisme et leur intelligence de travail, à imposer au prédateur des limites à ne pas dépasser.

« En quelques années tout s’est accéléré. De nouvelles familles de loups se sont installées sur les territoires voisins et rapidement tous les territoires disponibles ont été occupés…. Normal ! »