Repères historiques | Être italien, être français ?

Ce dossier a été réalisé par Le Cpa, équipement culturel de Valence Romans Agglo.

Voir la fiche film

« Être italien » est une notion neuve à la fin du XIXe siècle, considéré comme le siècle des nationalismes, et caractérisé par des mouvements de population importants dans le monde entier.
L’Italie, unifiée véritablement à partir de 1871 à l’issue de la période du « Risorgimento », est une nation jeune où les particularismes et les langues régionales ont encore une importance considérable.
Néanmoins, le nationalisme tend à se développer dans la première moitié du XXe siècle, notamment à travers trois évènements majeurs :

les conquêtes coloniales en Libye (1911), en Érythrée et en Éthiopie, dont l’armée italienne prend le contrôle en 1936

l’engagement de l’Italie dans la Première Guerre mondiale en 1915, qui fut l’occasion pour les fascistes italiens des années 1920 d’exalter un nationalisme virulent dans leur pays

la période fasciste (1922 – 1943), qui a mis en place d’efficaces outils de promotion du nationalisme italien qui s’exprime aussi bien dans l’art que dans l’architecture.

Vincent Ughetto dans les maquis de l’Ain
© Archive Famille Ughetto

Pour les Italiens vivant dans d’autres pays, cette question de l’italianité demeure complexe, car ils sont perçus à leur arrivée comme des étrangers dans l’État d’accueil, victimes d’un racisme que renforce le soutien de Mussolini à l’Allemagne nazie.
L’intégration pour ces étrangers est d’autant plus difficile qu’il existe une tension permanente entre leurs origines et le pays dans lequel ils vivent, en particulier dans les contextes de crise où les individus se voient assignés une nationalité fixe à laquelle ils ne se sentent pas nécessairement appartenir.
Cet aspect est notamment abordé dans le film à travers les sept enfants de Luigi et Cesira, dont une est née en Suisse, trois en Italie et trois en France.
Tous partagent néanmoins les mêmes références et aiment voir passer les coureurs du Tour de France devant chez eux.
Cela participe à leur intégration sociale sans qu’ils aient besoin de renier leur part italienne.

Extrait de l’album photographique réalisé par Paul Edouard Coulon, lieutenant du 12e régiment d’artillerie à Tournon, 1899 / © Fonds Archives départementales
des Alpes-de-Haute-Provence

En France, la xénophobie (la peur de l’étranger) se développe dès la fin du XIXe siècle. Alors que les relations diplomatiques avec l’Italie sont tendues, le néologisme « italophobie » (peur de l’Italien) se diffuse dans la presse.
Du début du XXe siècle à 1968, ils sont les étrangers les plus nombreux en France, objets de ressentiment et d’actes racistes.
Ils sont naturalisés en nombre avant la Seconde Guerre mondiale, lorsque la France aura besoin de combattants, et après le conflit, pour la reconstruction.
Aujourd’hui, leur insertion à tous les niveaux de la pyramide sociale témoigne de la réussite de leur intégration dans
la société française, jusqu’à l’invisibilité. C’est le fruit d’un long processus qui a vu évoluer le sentiment de la société française à leur égard.

Vivre en migration


Les déménagements successifs liés à l’exil ne favorisent pas l’ancrage local et l’intégration des immigrés italiens à la société d’accueil.
L’éloignement avec la famille restée au pays rend difficile le maintien des liens à distance.
Cette situation de « double absence » donne à la famille un rôle particulièrement important ; les conscriptions, fiançailles, mariages, naissances, etc., jouent un rôle essentiel pour atténuer l’expérience de l’exil. Le sport, la musique, les cafés, les associations, permettent de s’intégrer progressivement à la population locale et de se reconstruire un foyer en exil.

Frise réalisée par Le Cpa / Graphisme : Emmanuelle Bournay

« Luigi, le premier, est parti… ». Histoires et mémoires d’Italiens en migration
Du 6 mai 2022 au 12 mars 2023 Réalisée à partir du film d’animation « Interdit aux chiens et aux Italiens », cette exposition créée par Le Cpa retrace l’histoire des Italiens venus s’installer en Auvergne-Rhône-Alpes, et montre les réalités auxquelles ont été confrontés quelque 25 millions d’Italiens.
L’univers et le récit du film d’Alain Ughetto, dont on peut découvrir une partie des décors et des marionnettes, entrent en dialogue avec plus de 400 documents d’archives issus du territoire régional.
La muséographie, sensible et inspirée du film d’animation, facilite la découverte de ces histoires auprès du jeune public.
Ressources (fiches thématiques…), visites et ateliers à destination des élèves et des enseignants, sur les migrations et leurs représentations, les discriminations, le vivre ensemble : https://www.le-cpa.com/visiter/avec-des-eleves/action-educative

© Le Cpa / Valence Romans Agglo