La tradition des contes…

Note d'intention

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J’ai cherché plusieurs façons de commencer cette lettre d’intention et étrangement les mots se sont longtemps fait désirer. Ce n’était pourtant pas la première fois que je me livrais à cet exercice mais rien n’y faisait, j’avais systématiquement du mal à débuter cette note d’une façon qui me convienne. Et puis j’ai réalisé qu’avant toute chose, je devais rapidement parler de la genèse du projet. Je ne vais pas m’étaler sur ma vie personnelle mais sachez que Princesse Dragon est une histoire qui a permis à son auteur d’assimiler les trois fausses couches successives de sa femme adorée. Un conte comme catharsis, voilà ce qu’était, à l’origine, notre petite princesse des dragons.

L’histoire de Princesse Dragon a donc une place très particulière dans mon cœur et c’est en la faisant lire à Jean-Jacques, mon ami et coréalisateur depuis plus de 10 ans, que nous avons pensé qu’il y avait peut-être là matière à développer, plus sérieusement, un conte pour tous. L’histoire et les thèmes sont simples mais purs et pourraient se résumer de la façon la plus naïve qui soit : « L’argent ne fait pas le bonheur ».

Dans notre histoire, un dragon, assis sur son immense trésor, ne peut pas avoir d’enfants et passe un pacte avec une étrange sorcière pour remédier à sa triste situation. En partant de cette base, nous avons voulu construire une aventure pleine d’amour et d’amitié. Poil et Princesse, nos deux héroïnes, ne correspondent pas aux attentes de leurs parents, l’une parce qu’elle ressemble plus à un humain qu’à un dragon, l’autre parce qu’elle est née fille alors que son père attendait un héritier mâle. Mais leur amitié les conduira à se soutenir contre les vénales pulsions du dragon et du roi, leurs pères respectifs.

Vous l’aurez compris, Princesse Dragon est un film très féminin et cette direction vient du fait que finalement papa d’une petite Coco, il m’a semblé légitime que ce film s’adresse avant tout à elle. Ceci dit, nous pensons que les thèmes et personnages sont suffisamment universels pour plaire à toute la famille.

Concernant le rendu graphique du film, nous voulions que notre conte ait une saveur « d’autrefois » : une morale simple, des personnages forts et beaucoup de merveilleux. Et nous puisons l’inspiration pour cette « saveur d’autrefois » dans les illustrations d’artistes fabuleux comme Edmond Dulac, Arthur Rackham ou Gustave Doré. Bien sûr la mode est incontestablement à la 3D et c’est clairement un gros argument commercial… Mais notre objectif est avant toute autre considération de réaliser un film sincère en hommage à ces conteurs et illustrateurs merveilleux. Le choix graphique de décors « aquarellés » et l’animation traditionnelle, image par image, se sont donc imposés à nous dès le début. C’est d’autant plus important que les enfants passent de nombreuses heures tous les jours devant leurs écrans et sont abreuvés d’images de plus en plus sophistiquées… Nous avons décidé de prendre le contre-pied de cette déferlante d’images de synthèse et d’être plus proches des films du studio Ghibli que des productions Disney.

Autre point très important du film : le son. Qu’il s’agisse des voix, bruitages ou de la musique, nous avons voulu poursuivre dans cet aspect « traditionnel ». Les comédiens viennent du théâtre comme Michel Bonpoil et Florence Viala de la Comédie-Française et feront leurs premiers pas vocaux dans le monde de la création de voix en jouant le roi et la reine.

Le film ayant de nombreuses scènes en forêt, nous avons enregistré les sons directement dans la nature pour disposer d’une ambiance sonore la plus pure et réaliste possible. Avec Princesse Dragon, notre démarche est donc de créer un film qui renouera, dans le fond comme dans la forme, avec la tradition des contes.

Anthony Roux dit Tot & Jean-Jacques Denis