Filmer les loups et la nature

par Jean-Michel Bertrand

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La durée du tournage s’est étalée sur un an et demi.
J’ai besoin de ce temps, d’une part pour réussir à filmer les loups dans leur milieu naturel, mais aussi pour rencontrer et installer la confiance avec les personnes (éleveurs, bergers, chasseurs…) qui interviendront dans le film.
À la différence des deux premiers films, je ne suis plus seul, il était important pour moi de faire parler les « acteurs », notamment ceux qui ont une approche positive et réaliste de la présence des loups et aller chercher au plus profond la force émotionnelle qui les anime.
Le public va parfaitement retrouver mon personnage et je vais l’impliquer d’avantage, avec des moments de surprises très forts.
J’ai donc passé de longues périodes, seul, en pleine montagne à filmer les loups et la nature, rejoint une semaine par mois par le chef opérateur et l’ingénieur du son afin de réaliser les scènes qui donnent forme à mon personnage.

« Ces jeunes bergers ont tous subi des attaques. Aujourd’hui, on peut dire que dans les Alpes en tout cas, les loups font vraiment partie intégrante de leur travail.
Mais les bergers ne sont pas seulement là pour défendre les brebis contre les loups, ils doivent aussi veiller au bien-être du troupeau, soigner les bêtes blessées ou malades et les faire profiter au mieux de la ressource en nourriture. Ils doivent aussi veiller à préserver la fragilité des alpages. »


Lorsque je réalise un film, je passe énormément de temps sur le terrain en pleine nature et lorsque le film sort sur les écrans, je change de décor et me consacre alors à la promotion et l’accompagnement du film dans les salles de cinéma.
Ce partage avec le public et avec les nombreux débats le nourrissent et m’inspirent. Puis la montagne et les loups m’appellent à nouveau et je me replonge avec frénésie au coeur du Sauvage avec de nouvelles idées et d’autres histoires à raconter.
Après mes deux longs métrages sur les loups, réaliser une trilogie devint une évidence, m’imposant une nouvelle aventure cinématographique intitulée Vivre avec les loups.

Après le tourbillon des médias et des débats passionnés, souvent bienveillants, parfois tendus, où les détracteurs du loup expriment leur violence et leur haine, je suis revenu dans le massif sauvage des Ecrins avec des sentiments partagés et l’impression qu’il faut faire évoluer les mentalités.
Je suis donc reparti en montagne, trouvant refuge dans une cabane improbable, un abri sous roche magnifique, au coeur du territoire d’une famille de jeunes loups nouvellement installés.
A cet endroit, j’ai pu faire le point, me retrouver et préparer un nouveau film, car il y a du nouveau…

« Ici à la cabane je poursuis mon chemin vers la compréhension du vivant. Les loups sont d’excellents guides… Ils sont un indicateur de la santé biologique des milieux naturels, ils sont aussi un indicateur de notre capacité à nous, humains, d’accepter la nature. »