Créer un monde fantastique

Par les réalisateurs Denisa Grimmová et Jan Bubeníček

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Cette histoire adaptée du livre d’Iva Procházková Même les Souris vont au Paradis nous a touchés pour deux raisons. D’une part, pour sa justesse et sa sensibilité, puis par rapport à nos enfants. Quand le premier a eu trois ans, nous avons eu droit aux premières questions au sujet de la mort. « Maman, est-ce que tu vas mourir un jour ? ». Il n’a pas été facile d’y répondre, en sachant que cette réponse pourrait rester gravée dans leur esprit pour le reste de leur vie. C’était une grande responsabilité. Nous étions incapables de dire, bien que ce soit ce que nous pensons, que la vie s’arrête un jour tout simplement et qu’après il n’y a plus rien. Ce type de réponse peut mener à la peur de la fin, du néant, de l’inutilité et de l’absence de responsabilité pour sa propre vie. Par ailleurs, on ne veut pas inciter à croire en Dieu ou au paradis.

Les contes de fées ont toujours été un moyen idéal pour transmettre à nos enfants des informations sur la vie d’une manière légère et de leur donner la liberté d’avoir des opinions sur de nombreux sujets.

L’angoisse de la mort est très répandue dans les pays occidentaux et est transmise de générations en générations. Nous en avons fait un tabou et nous la considérons comme une faiblesse humaine, alors qu’elle fait partie de la vie.

Le livre d’Iva Procházková parle aux enfants de manière très naturelle, douce et sans détours. Il raconte un monde parallèle qui n’est qu’un début – ou plutôt qu’une étape – avant de reprendre une nouvelle vie sur terre. Le chagrin est contrebalancé par l’espoir et la joie, les questions philosophiques sur l’être et le néant disparaissent pour faire place à une quête du courage pour surmonter ses peurs.

C’est un conte qui aborde la mort comme un élément déclencheur pour arriver dans un monde parallèle qui serait le paradis des animaux et c’est aussi une histoire d’amour et d’amitié : un grand et beau défi. Créer un monde fantastique plein de mystère, d’images oniriques, d’animaux et de créatures amusantes est le matériau idéal pour un film d’animation destiné à un jeune public. Avec de nobles gardiens du paradis, cet univers excite l’imagination, tandis que les sujets de la douleur, du deuil, et la joie d’une amitié naissante sont des points de départ extraordinaires pour créer une intrigue pleine de rebondissements, de scènes épiques et de moments remplis d’émotion.

Dans ce film, l’histoire est entièrement racontée du point de vue de notre duo improbable: Whizzy, une jeune souris et Whitebelly, un jeune renard. Sur la terre, ce sont des ennemis naturels. Au paradis, on a imaginé des circonstances particulières qui pourraient les rapprocher et créer un lien inhabituel. A travers cette aventure, nos héros reçoivent tous deux une grande leçon : il faut dépasser ses préjugés, écouter et apprendre à vivre avec les autres.

Nous pensons que ce film, avec sa forme enjouée et volontairement un peu naïve, aidera les enfants et leurs parents à trouver les réponses à des questions parfois difficiles. Ou qu’il permettra au moins de les faire émerger et d’en parler…

Nous avons grandi avec les œuvres des maîtres de l’animation tchèque, et au fil du temps, nous avons même eu l’honneur d’avoir certains d’entre eux comme professeurs à l’Ecole de cinéma de Prague, la FAMU. Nous voulons nous inscrire dans cette grande tradition des films d’animation tchèques, une tradition ouverte sur le monde. Avec une ambition artistique forte, Même les Souris vont au Paradis doit participer au renouveau du cinéma d’animation tchèque. Et nous sommes convaincus que l’équipe de talents européens que nous avons constituée pour ce projet a su créer une œuvre originale et singulière.

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