“Dans notre monde, les gens sont bombardés d’informations, parlent tous en même temps, se déplacent vite. Des stimulations multiples qui sont perçues de manière confuse et agressive par les personnes atteintes de troubles du spectre d’autisme (TSA). Il n’est donc pas étonnant qu’elles se réfugient dans un monde imaginaire dont elles seules détiennent les clefs.
Construire un piano à bruits
En quête d’empathie, telle une détective en herbe, Lola s’est mise en tête de percer les mystères qui entourent le monde intérieur de son petit frère, de trouver la faille et les ponts pour pouvoir mieux communiquer avec lui. Alors elle examine à la loupe chaque recoin, à la recherche d’un indice qui pourrait l’éclairer. Elle sent la souffrance et la difficulté à communiquer de son petit frère mais découvre aussi qu’il a une oreille très fine, que sa perception métrique du « son » l’apaise et lui donne même des ailes. Ainsi, avec son meilleur ami, Lola décide d’assembler tous les objets qui produisent ces sons dans une sorte de piano adapté à son petit frère, et le résultat est surprenant.
Communiquer en musique
Prenant parfois des allures d’un « homme orchestre », la musique est bruitiste, mais pas seulement, elle est aussi symphonique.
Elle accompagne les personnages et évolue tout le long du film, créant les liens qui les unissent. Elle finit ainsi dans une explosion d’harmonie à la manière d’un « big band » que le petit Simon mène à la baguette. Il va sans dire que notre collaboration (musicien-réalisateur) a commencé très tôt dans l’aventure.
Nous travaillons ensemble sur ce projet depuis notre source d’inspiration fondatrice : l’oreille du petit Simon. Cernant ses réactions aux moindres gratouillis ou « scratchi » des objets du quotidien, nous avons, à l’instar de Lola, créé un vocabulaire pour construire la musique de Simon.
Accepter la différence
Lola et le piano à bruits est un conte sonore qui interroge sur l’acceptation de la différence. Les enfants qui grandissent avec une personne atteinte (frère ou sœur) d’autisme sont confrontés à une situation particulière et unique. Ils doivent apprendre à vivre avec un mode de communication différent du leur. Le film est traité du point de vue de Lola, ce qui donne la distance et la douceur nécessaires pour aborder un sujet aussi complexe. Avec toute l’innocence d’une enfant qui perçoit la singularité de son frère et met tout en œuvre pour lutter contre son exclusion.”